12:21 Voix off: Le Vif l’Express publie la carte blanche d’une jeune bioingénieure qui a travaillé 13 ans chez le géant pharmaceutique GSK, elle est aujourd’hui indépendante.

On peut s’étonner de l’incrustation de la photo d’une autre Caroline Vandermeeren.

Une carte blanche

La carte blanche s’intitule « Ce n’est pas aux scientifiques de plier leurs conclusions aux besoins des politiques« , elle paraît le 21/04/20. La Dr Vandermeeren y interpelle notamment G-L Bouchez, président du MR qui dit-elle « recommande aux scientifiques de faire valider leurs communications par le pouvoir politique, prétendant ainsi vouloir éviter de générer de la confusion parmi la population (…) L’indépendance des scientifiques est un principe aussi fondamental, rappelle-t-elle. Affirmation à la quelle nous souscrivons pleinement. Mais plus loin, elle affirme qu’on demande aux experts de Sciensano « d’analyser des données biaisées, incomplètes et limitées. » Incomplètes et limitées, bien sûr, mais biaisée, l’affirmation est grave. Le texte se poursuit par une série de question sur les chiffres, la manière dont ils sont rassemblés, etc. Questions pertinentes, tout le monde s’interrogeait et continue de s’interroger sur la manière la plus adéquate de recueillir et présente les chiffres.  Mais la Dr Vandermeeren, n’attend pas (ne cherche pas?) la réponse; elle affirme : « Nous assistons impuissants à des dérives inquiétantes. »

Mais poursuivons la vision du film:

Interview de la Dr Vandermeeren:  Mais donc au moment du confinement, je me suis retrouvée à la maison parce qu’en tant qu’indépendante, j’avais pas de mission et j’étais assez surprise par la communication qui était extrêmement anxiogène que ce soit dans les rapport, la façon dont ils sont écrits, dans les modifications de la façon de présenter les données etc. Quand on approche d’un CNS ( Conseil National de Sécurité), il y a un changement dans la façon dont les données sont gérées. Donc on va avoir une mise à jour beaucoup plus rapide de certaines données ou un recul de certaines autres. Donc ça c’est un site pour suivre l’évolution de la mortalité et l’évolution du coronavirus dans les maisons de repos et la veille du CNS, cette courbe rouge qui est la mortalité attendue elle a disparu pendant cinq jours, la veille du CNS elle a été supprimée et 5 jours après le CNS elle a été remise pourquoi?

Parce qu’il n’y avait pas de surmortalité donc ça ne tenait pas vraiment la route. Je pense pas qu’il y ait du trafficage de données dans le sens ou on inventerait des données mais il y a des manipulations de chiffres qu’il est quand même assez peu probable qu’il y ait eu un accident dans le fichier qui fait que comme par hasard juste sur une période de 4 à 5 jours autour de ce CNS cette courbe là ait disparu.

Comme dans la carte blanche, nous avons une affirmation « il y a des manipulations de chiffres ». N’est-ce pas étonnant de la part d’une docteure en biotechnologie?

La Dr Vandermeeren semble avoir bien peu de publications à son actif, ce qui n’est pas un problème quand on ne vise pas une carrière académique.  Son domaine de prédilection (Thèse: Quaternary structure and regulation of the nicotiana plumbaginifolia plasma membrane proton pum ATPase) est très éloigné de l’épidémiologie ou des statistiques dont il est question ici. Ce n’est pas grave non plus car au cours d’un doctorat on apprend surtout à avancer dans la complexité  des questions que l’on se pose et à plonger dans les références. A « sourcer », disent les journalistes. Et on suppose que si le journaliste a choisi de l’interroger elle, c’est parce qu’elle s’y connaît et qu’elle a acquis une expertise lors de sa carrière chez GSK et en tant qu’indépendante.

Du coup, ici, le spectateur se retrouve donc devant une série de questions. Par exemple :

  • De quel graphique s’agit-il exactement ? Quel organisme a fait cette courbe ? On ne le saura pas. C’est vaguement, rapidement évoqué, pas plus. Une incrustation aurait été assez simple pourtant (on peut en effet comprendre qu’il n’est pas question d’y passer 4 minutes). 
  • La Dr Vandermeeren nous dit que le graphique a disparu à cette période spécifique. A-t-on demandé à l’organisme en question ce qu’il s’était passé ? Si oui, qu’ont-ils répondu ? On ne saura pas non plus.

Ne serait-on pas en droit d’attendre réponse à ces questions de la part d’une docteure et d’un journaliste attitré?

M & Veehem

 

Mise à jour du 2 août 2021

La lecture du Facebook de Caroline Vandermeeren nous amène à la remercier d’avoir mentionné notre initiative et à apporter quelques éclaircissements sur les questions posées ci-dessus.

Nous savons donc maintenant qu’elle se référait à la date du 16 octobre et nous connaissons le nom du site (zorg-en-gezondheid) mentionné. Elle évoque l’existence d’autres «faits de ce genre» à d’autres moments, sans développer. Nous n’arrivons toujours pas à comprendre quel est la nature exacte de cette «manipulation» dénoncée.

Nous la citons, dans son post de Facebook (ainsi que par la suite) :

«j’ai du mal à croire aux coïncidences qui empêchent fort à propos toute personne de vérifier les allégations soutenant les mesures imposées, parce qu’elles ont eu tendance à se multiplier pendant des mois aux alentours des dates de CNS (Conseil National de Sécurité).»

Et ?

Y a-t-il trop de morts ? Pas assez ? Les morts ne sont-ils pas morts le bon jour ? La disparition de cette courbe sur ce site-là serait le résultat d’une manipulation : dans quel but exactement ? Nous avons lu et relu ce texte et nous ne comprenons toujours pas ce qui est sensé s’être produit ce 16 octobre 2020, ni à d’autres moments de l’année. Le 16 octobre, la Belgique était plongée dans la 2ème vague, mais pas encore au pic de celle-ci. On était donc à un moment où les courbes des hospitalisations en cours et des décès étaient à la hausse. Quel était l’intérêt de cacher une quelconque courbe à ce moment-là ?

Un travail d’enquête ?

Plus intéressant, Mm Vandermeeren précise qu’elle aurait contacté des journalistes qui n’auraient pas réagi :

«C’est pourquoi j’ai transmis le jour en question (le 16 octobre, jour de CNS) toutes les informations et les captures d’écran à plusieurs journalistes, puisque c’est leur métier (pas le miens) (j’aurai la gentillesse de taire ici les noms).

Je n’ai jamais eu de réponse et personne n’a semblé vouloir clarifier cette singularité depuis la diffusion du film…»

Si nous comprenons bien, elle aurait une sorte de dossier qu’aucun journaliste n’a voulu traiter ni « semblé vouloir clarifier cette singularité». Mais nous savons qu’au mois de novembre elle a été interviewée pendant plus d’une heure par un journaliste très attentionné à ses propos, un dénommé Bernard Crutzen. Qu’a-t-il donc fait des informations apparemment accablantes de la Dr Vandermeeren ? Il affirme faire une enquête. Il interview une femme qui semble disposer d’un «dossier clefs en mains», avec de potentielles révélations explosives sur une histoire de manipulation de données. Un scandale majeur donc, une affaire qui devrait faire du bruit…

…Et il se contente de nous fournir une scène d’1 minute 30 avec des sous-entendus, des affirmations imprécises, des accusations non-étayées, des grands sourires et des images d’un écran d’ordinateur affichant un site web non identifié.

« (…) « la référence au site du graphique » n’était pas affichée dans le documentaire de Bernard Crutzen?

(chose qui semblait être d’une importance majeure…puisqu’il m’a contactée pour que je lui fournisse le lien).»

Donc, des semaines après avoir sorti le film, des mois après l’interview, le réalisateur (qui précisait engager des enquêteurs, souhaitait faire travailler un.e statisticien.ne) cherche à savoir à quoi correspondent les images qu’il a montrées aux spectateurs, sensées illustrer des accusations de manipulation de chiffres de la part des autorités belges.

Nous avons un tout petit peu avancé, mais nous n’en savons donc toujours pas plus sur cette éventuelle « manipulation des faits » et leur corroboration.

Décidément…

Grompf & Brice VDB

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