Source : Arnaud Ruyssen sur Facebook –  Le 07/02/2021

 

Pressé par de nombreux messages qui m’y invitaient, j’ai pris le temps de regarder le documentaire « Ceci n’est pas un complot » (réalisé par Bernard Crutzen) qui circule en ce moment beaucoup et qui dénonce la façon dont la crise Covid est médiatisée.

Si je l’ai regardé, c’est parce que, contrairement à ce qui est dit péremptoirement dans ce docu « à charge », je doute… comme beaucoup de mes collègues, d’ailleurs.
Nous doutons.
Comment ne pas douter devant une crise qui chamboule à ce point là nos certitudes et notre vivre ensemble? Devant ce virus qui nous déroute en permanence.

Evidemment que le traitement médiatique de cette crise doit être questionné et peut être critiqué:
-l’emballement sur certains cas peu représentatifs (comme le cas de cet enfant de 3 ans décédé l’été dernier),
-la litanie des chiffres sans toujours suffisamment de mise en perspective,
-la recherche de « titres vendeurs »,
-l’utilisation abusive du terme « complotiste »…
On doit tous s’interroger sur ça dans nos rédactions. Et on le fait d’ailleurs.

Mais la thèse implicite de ce documentaire va bien plus loin. Elle présente les médias comme des manipulateurs conscients, complices voire artisans de l’avènement d’un régime autoritaire.
Pour l’auteur, le Covid n’est qu’un moyen, une occasion… pour mettre en place une société du contrôle, restreignant drastiquement nos libertés, donnant tout pouvoir aux grandes entreprises (et à Bill Gates), annihilant progressivement le contrôle démocratique…

Il nous explique (avec des extraits soigneusement découpés) que les médias usent et abusent de propagande, manipulent des chiffres et exagèrent fondamentalement la portée de la pandémie, pour accélérer la mise en place de cette dictature sanitaire.

Alors soyons de bon compte:
Bien sûr que la démocratie est en crise, que les États apparaissent de plus en plus désarmés face au pouvoir de grandes multinationales, que la collecte massive de nos données personnelles permet le glissement vers une société du contrôle…
C’est un vrai enjeu et si ça vous intéresse on avait pris le temps de se plonger sur tout ça dans cette série radio (podcast)?

https://www.rtbf.be/…/article_democratie-en-crise-8-episode…

Bien sûr aussi que la crise sanitaire risque d’amplifier cette crise de la démocratie, si on n’y prend pas garde.

MAIS ce documentaire minimise complètement le CŒUR du problème de cette épidémie… à savoir le risque de faire exploser notre système hospitalier.
Quand le virus se répand de manière exponentielle (ce qui s’est passé à chacune des deux vagues), il envoie très rapidement un grand nombre de personnes (âgées ou à risque) à l’hôpital et peut faire très vite craquer le système.
Or, un hôpital saturé, cela a des répercussions en cascade sur toutes les autres pathologies à soigner et donc sur la société dans son ensemble.

Alors comment évite-t-on cela autrement que par les mesures actuelles? Le documentaire n’en pipe mot.
-Peut-on balayer 20 000 morts d’un revers de la main… en les ramenant au fait qu’ils ne représente « que » 0,17% de la population belge?
-Pourquoi n’explique-t-on pas que la Suède (citée en exemple dans le documentaire) a abandonné très rapidement son idée d’immunité collective, constatant qu’elle était intenable?
-Pourquoi n’entend-on pas les infectiologues de première ligne, ceux qui ont été au front de cette crise COVID et qui étaient parfois en pleurs, au bout du fil, craquant complètement devant la situation intenable qu’ils devaient gérer avec leurs équipes?
-Pourquoi ne rappelle-t-on pas le combat des pédiatres qui ont, contre vents et marées, plaidé pour l’ouverture des écoles, faisant précisément la balance entre les enjeux de santé et l’enjeu fondamental de l’éducation et du bien être des plus jeunes?
-Pourquoi ne voit-on aucun extrait de toutes les émissions de débat contradictoire qui ont été organisée sur cette crise? Avec des défenseurs des droits humains, avec des représentants de tous les secteurs de la société en souffrance, avec des experts « non-alignés » sur les choix gouvernementaux?
-Pourquoi ne voit-on aucun extrait des émissions d’investigations menée sur la gestion politique de cette crise, sur le business des vaccins, sur les marchandages secrets avec les big-pharma?
-Pourquoi ne pas rappeler que la Belgique a été le pays d’Europe où la seconde vague a fait le + de dégâts (même si les scénarios les plus pessimistes ne se sont heureusement pas réalisés)?
-Pourquoi ne voit-on pas tous ceux et celles (parfois jeunes) qui, plusieurs mois après, souffrent encore douloureusement des séquelles du Covid?

Pensez à tout ça en regardant…
(si vous regardez)
Faites ce que se doit de faire un.e journaliste: multipliez et croisez vos sources ?